Asumi est née une nuit d’été dans le plus grand hôpital de Kunitachi. Il faisait chaud, beaucoup trop chaud. Sa mère souffrait énormément autant de la chaleur que de la douleur. Une fois la petite libérée, elle mourut aussitôt.

Le père d’Asumi ne le supporta pas et, malgré la présence de sa petite fille, il se suicida peu après sa naissance.

 Les infirmières se retrouvèrent impuissantes face au destin déjà tragique de l’enfant. Elles décidèrent alors de la prénommer Asumi : un prénom doux et chantant dans l’espoir que la gamine trouve rapidement la sérénité.

 Elles n’eurent d’autres choix que de la placer en foyer afin qu’elle soit vite adoptée. Cependant, tout ne se passa pas aussi bien que prévu et la petite Asumi patienta six longues années avant d’intégrer sa première famille. Mais, la petite eut énormément de mal à s’intégrer au sein de ce cocon chaleureux et protecteur. Elle n’était pas comme les autres enfants et elle le savait mieux que quiconque. A l’école, elle était insupportable : elle ne cessait de chahuter empêchant sa classe de suivre sérieusement le cours. Elle avait appris au foyer beaucoup de vilaines choses ; là-bas, elle devait ruser pour être la plus forte, elle devait frapper pour pouvoir manger, elle devait mordre pour conserver ses vêtements. Et la fillette ne pouvait se séparer de cette façon de vivre qui était sienne, si bien que très vite, les parents adoptifs furent impuissants face à la violence de leur petite teigne. Et, ils baissèrent les bras, trop faibles pour lutter, trop fragiles pour lui inculquer une éducation décente. La petite se trouva dans son foyer d’origine du jour au lendemain et cela la rendait heureuse : le foyer, c’était sa maison.

 Lors de sa treizième, elle fut de nouveau adoptée. Toutefois, cela ne calma pas le petit démon qui grandissait en elle. Asumi souffrait plus que jamais, une souffrance qu’elle retournait contre s’infligeant de terribles calvaires. Elle était incontrôlable, faisait fugue sur fugue, bagarre sur bagarre. Personne ne l’aimait tant elle était méchante. Sa chute fut inévitable et elle sombra dans l’enfer de la drogue. Elle fréquentait des gens malsains, traînait les rues de nuit, jouait avec sa vie. Lors de son dix-septième anniversaire, elle fit une tentative de suicide consciente que sa vie ne serait qu’une succession d’épreuves aussi douloureuses les unes que les autres.

Elle tomba dans un profond coma. Ses « parents » l’abandonnèrent, incapables de supporter la douleur de perdre un enfant même si ce dernier n’était pas à proprement parlé le leur.

Elle se réveilla seule, trois mois plus tard. Et elle se rendit compte qu’elle ne se souvenait plus de rien. Elle avait changé de façon extrême. Elle était redevenue une petite fille, aussi pure et innocente qu’une colombe. Et, dans sa solitude, elle décida de se battre pour vivre. Elle quitta l’hôpital de son plein gré, pris un avion en direction de la France et marcha pendant des jours entiers arpentant les sentiers, les côtes et les montagnes. Exténuée, elle finit par se réfugier dans un petit pommier afin d’y passer la  nuit. Dans sa cachette, elle rencontra une hirondelle et se rendit compte qu’elle pouvait lui parler. Son accident avait réveillé en elle une hyper sensibilité du monde qui l’entoure. Elle comprenait la nature, vivait en communion avec elle. Elle n’avait jamais été aussi heureuse.

 Et c’est perché dans son arbre qu’elle fit la connaissance d’Amélie.